Maladies et Comportement de l’Abeille.

 

 

 

          La complexité du comportement des colonies en fonction des circonstances amène souvent à se poser la question « Mais qu’est-ce qui lespousse à agir ainsi?". Les  Abeilles à notre connaissance ont peu évolué depuis des centaines de milliers voire des millions d’années, il faut donc qu’elles aient développé une sorte d’intelligence comportementale capable de les tirer d’affaire dans des circonstances dangereuses pour leur survie. En effet que constate-t-on quand par exemple elles découvrent qu’une maladie incurable avec leurs « faibles » moyens est en train de les miner ou bien que l’apiculteur dans son imprévoyance n’a pas su leur offrir un logis digne de ce nom d’après leur standard. Eh bien ces dames prennent collectivement ce qui leur paraît la décision la plus sage du moment : La FUITE ! ! !. Pour en arriver là il faut donc bien que nos Amies aient les moyens de la décision et la volonté de l’appliquer.

            L’ »intelligence «  de nos insectes se manifeste de façon particulièrement difficile à interpréter par nous pauvres humains par exemple lors des remérages. En effet ceux-ci dédaignent bien souvent voire mettent à mort les belles reines que l’apiculteur compatissant veut bien leur présenter et préfèrent de loin des reines même maigrichonnes issues de leur rang. L’instinct de Dame Nature les pousse à préférer leur sang (air connu ! ! !) à un sang étranger. Mais où l’apiculteur comprend mal c’est le refus du remérage lorsqu’il n’y a plus possibilité de le faire par ses propres moyens… Là encore nous ne pouvons qu’interpréter à notre façon cette logique si peu logique. La nature préfère peut-être l’élimination pure et simple à la mésalliance…

            Ces quelques considérations pour nous amener à réfléchir sur le sujet bien délicat du comportement des colonies en présence des principales maladies qui les affectent et plus particulièrement des loques et des mycoses. Que constate-t-on, les colonies vivaces avec une reine dynamique nettoient les alvéoles infestés mais elles ne le font que parcimonieusement. Pourquoi cette attitude, c’est sans doute là que leur instinct/intelligence intervient. En effet elles sont prises entre deux feux ou bien elles nettoient rapidement et là elles risquent de contaminer l’ensemble de la ruche (voir comportement des humains pendant les épidémies de peste) ou bien elles ne font rien et peut-être que la maladie n’ira pas plus loin…

En fait leur instinct leur dicte très tôt qu’il vaut mieux opter pour la deuxième solution. Évidemment les colonies actives élimineront plus vite les germes pathogènes et se tireront d’affaire beaucoup mieux que les autres mais les autres seront envahies par la maladie jusqu’au moment où la décision de fuir sera prise abandonnant couvain et très jeunes abeilles.

            Que doit faire l’apiculteur pour aider ses protégées, les aider bien sûr. Comment, tout d’abord en les visitant fréquemment une fois par mois au minimum au printemps, période de grand développement et immédiatement lorsqu’il perçoit une baisse d’activité. Ensuite les traiter. Grâce à l’efficacité des médicaments à notre disposition toutes les maladies à germes les plus courantes peuvent être combattues. Seules les maladies virales n’ont pas de traitement mais elles ne sont pas fréquentes et régressent souvent seules. Si l’intervention est précoce la maladie est stoppée net et dans le cas de la loque américaine si la sporulation n’a pas encore eu lieu on peut espérer une absence de récidive, mais si l’intervention est tardive seule l’élimination des cadres infectés et le passage à la flamme des parois offre des garanties sérieuses de non récidive. Il est rappelé que seul un vétérinaire ou mieux la Direction des Services Vétérinaires peut prescrire des médicaments après examen des échantillons infectés qui seront dans ce dernier cas fournis gracieusement à la Maison de l’Agriculture.

            Concernant les mycoses. Un traitement complet comprendra bien souvent le remérage si la mère est de plus d’un an ceci pour améliorer la réponse à l’agression mycosique, les jeunes mères étant plus prolifique et plus stimulante pour la colonie. On pourra lui donner un fongicide à large spectre genre fungizone que l’on peut obtenir en pharmacie. La dose étant la suivante :

- une cuillerée à café avec un peu de sirop concentré tous les 3 ou 4 jours.

et enfin pour accélérer la guérison il faudra éliminer à la pince brucelles à becs très pointus tous les cadavres momifiés après avoir secoué les abeilles des cadres par temps chaud.

            Un exemple :  1er jour élimination de 2000 cadavres environ.

           2ème jour 200 cadavres.

           3ème jour 20.

Une visite aux 5ème, 8ème jour ne révèlent plus de cadavres momifiés. La colonie est guérie ! Les abeilles viennent à bout toutes seules des nouvelles larves atteintes.

            En résumé l’apiculteur bienveillant se doit d’apporter son aide à ses colonies pour leur bien et son intérêt bien compris. Tout le monde y gagne et l’harmonie règne !.

En cette fin de saison penser également aux provisions pour l’hiver, il faut entre 15 et 20kgs de miel operculé suivant l’importance de la colonie pour qu’une colonie puisse attendre les prochaines fleurs. Veiller à ce que 2 ou 3 gros cadres bien garnis soient au milieu de la grappe afin que nos Amies puissent les atteindre par grand froid. Le gros de la consommation intervient au printemps à la reprise de ponte mais il vaut mieux un excès qu’un manque de provisions. On peut se contenter de verser du sucre cristallisé dans le nourrisseur et compléter avec de l’eau du robinet, avec cette méthode peu exigeante il faudra toutefois remettre un peu d’eau lorsque le sucre restant n’est pas tout dissous.

 

                                                            J.Huberson Agent sanitaire Tél. 04.76.52.43.66.

           

 

   wpe1.jpg (1097 octets)