L’introduction des Reines.

 

 

        Tous les Apiculteurs amateurs qui ont tenté l’introduction de Reines en gardent souvent le souvenir d’un échec cuisant. La raison est simple, les abeilles d’une colonie sont attachées à leur reine ou à la reine qu’elles ont élevé et toute autre reine est généralement considérée comme une usurpatrice ou une étrangère... comme vous voudrez et il faut l’exterminer.

    Pour introduire il faut savoir que le degré  d’agressivité vis-à-vis de l’ ”étrangère” dépend essentiellement de l’âge des abeilles, les jeunes abeilles naissantes aux ailes grises un peu fripées sont tout-à-fait inoffensives, à 8 jours elles sont déjà dangereuses et en fin de vie c’est-à-dire après 6/8 semaines elles sont particulièrement agressives.

    Ce dernier point explique, en partie, pourquoi une colonie sans reine depuis un certain temps, voire bourdonneuse, est très difficile à remérer. Dans un premier temps, il vaut mieux commencer par la rééquilibrer en lui donnant un cadre de couvain naissant avec très peu d’abeilles (cadre secoué). Huit jours après on pourra soit lui introduire une cellule royale prête à éclore bien protégée sur du couvain également près de l’éclosion. Il faut à tout prix éviter qu’une cellule royale prenne  froid et le meilleur moyen d’éviter cela est de  l’introduire au milieu de couvain operculé. Une autre solution dans le cas de colonie bourdonneuse consiste tout simplement à la réunir avec une colonie populeuse avec 3 ou 4 feuilles de papier journal,en fin de journée. La ruche Dadant est très peu pratique pour ce genre de manipulation et ne vaut pas la Langstroth ou la Divisible mais on pourra faire monter les abeilles dans une hausse et ensuite superposer celle­ci sur la ruche réceptrice. Plus tard on pourra éventuellement récupérer abeilles et couvain sur la ruche renforcée et reconstituer, après introduction d’une reine, son cheptel. Observons qu’il n’est sûrement pas utile de se débarrasser des abeilles bourdonneuses à l’abdomen distendu, elles redeviennnent normales lorsqu’elles sont au contact d’une colonie normalement équilibrée qui lui apporte les hormones dont elles manquaient. Pour en revenir au remérage proprement dit d’une colonie normalement constituée avec du couvain de tous âges, il faut savoir qu’une telle colonie est assez facile à remérer pourvu que la substitution de reine soit simultanée. On enlève la reine, on en met une autre en ponte, ce dernier point est très important car sinon il y aurait rejet. Par ailleurs, il faut procéder le soir, sans fumée ou très peu. On peut, si on veut, après avoir enlevé la vieille reine qu’il faut savoir trouver très rapidement, en ayant localisé son cadre dans la journée par exemple, introduire la nouvelle reine dans un bigoudis fermé par un peu de papier journal ou de l’herbe.

    Lorsqu’on veut remérer une colonie qui a été privée de reine depuis un certain temps, disons après quelques heures et avant que la colonie n’ait décidé de se remérer par elle-même, il faut prendre quelques précautions supplémentaires. Le micro­nucléus est particulièrement recommandé, c’est une petite boite carrée ou rectangulaire d’environ 10*10 cm sur 2 cm de haut, ouvert sur une grande face, confectionnée avec du grillage fin genre garde-manger. Sur l’autre grande face on découpe un trou rond correspondant au diamètre d’un bigoudis et d’un bouchon pharmaceutique ou autre qui en permettra la fermeture.

    On procède ainsi. Après s’être assuré qu’il n’y a aucune reine vierge ou autre dans la ruche, on sort un cadre comportant miel, pollen et couvain. Sur ce cadre on fiche le micronucléus, après avoir chassé toutes les abeilles sans exception, sur une zone comportant couvain naissant, miel et pollen.

    Avec le pouce sur le trou central on introduit une à une environ 30 abeilles jeunes juste écloses sans aucune abeille âgée, si cela arrive il faut recommencer l’opération à zéro !

    Quand on a le nombre suffisant on introduit la reine préalablement mise dans un bigoudis, par le trou central que l’on referme lorsqu’elle a rejoint la petite troupe, avec un bouchon. On replace le cadre après avoir éventuellement enlevé un cadre d’extrémité pour faire de la place. Et on surveille discrètement ce qui se passe. Si l’opération a été effectuée le matin, le soir on observera l’activité autour du micronucléus, si les abeilles sont calmes et peu nombreuses, on peut très délicatement écarter le micronucléus, voire libérer la reine. Si les abeilles sont nombreuses et agressives, il y a probablement une autre reine dans la ruche, la rechercher activement. Il ne faut en aucun cas libérer la reine, elle serait tuée immédiatement même si la libération intervenait 3 jours plus tard.

    Enfin lorsqu’on veut remérer une ruche qui a “réalisé” qu’elle a perdu sa “mère” il faut redoubler de prudence. On procédera avec le micronucléus, qui signalons le permet une remise en ponte rapide de la reine dans un milieu favorable, non agressif, toutefois on surveillera de très près tous les cadres car bien que la reine soit acceptée les abeilles n’en continuent pas moins à élever des cellules royales qui peut-être une fois sur deux iront à maturité donnant une reine vierge  qui supplantera la belle reine introduite si patiemment ! Donc après 5 ou 6 jours on parcourra tous les cadres pour détruire les cellules présentes. Il faut comme toujours faire peu de chocs, utiliser peu de fumée, laisser retomber toute agitation avant de poursuivre...

    Dans le cas de reines de valeur pour lesquelles on ne veut courir aucun risque, l’introduction sur du couvain naissant comportant un maximum d’abeilles jeunes est conseillé. Lorsque le couvain sera éclos on pourra renforcer à souhait la jeune colonie en lui rajoutant des cadres de couvain operculé.

    Pour  tous  renseignements  complémentaires,  les apiculteurs intéressés peuvent me téléphoner ou me rendre visite.

                J. HUBERSON.