Saint Ismier le 16 mars 1996
LAnalyse
Pollinique des Miels par lAmateur.
Chacun sait que la saveur d'un miel dépend des nectars
récoltés par l'abeille sans parler, bien
entendu, des facteurs annexes tels que mode
d'extraction ou stockage. Ce que l'on sait moins c'est que, à de rares
exceptions près (acacia pur et surtout
lavande), la quantité de pollen contenue dans les miels, même les plus fluides, est
importante. Typiquement, elle est de 20.000 à 100.000 grains
dans un échantillon de 15 grammes (quelques milliers
dans l'acacia et au plus quelques
dizaines dans la lavande).
La science, qui
se propose de déterminer
l'origine florale des miels, s'appelle la mélissopalynologie.
Les premiers travaux d'importance ont été
réalisés par le professeur Enoch ZANDER et
publiés en 1935, puis le professeur Jean LOUVEAUX a publié en 1970 sa méthode, suivi en 1981 par Rex SAWYER, un
anglais, qui a, lui, publié deux livres
l'un sur l'identification des pollens utilisés par
l'abeille (en rupture de stock), et l'autre sur l'analyse pollinique des miels.
Le
POLLEN.
1.Introduction.
Pour vous permettre de déterminer l'origine des pollens stockés dans vos ruches ou connaître l'origine de
vos miels
il vous
faut pouvoir identifier les pollens
avec précision. Pour cela il vous faudra vous constituer une collection de pollens de
référence. Pour évaluer l'ampleur de la
tâche il faut savoir que dans un miel polyfloral on peut rencontrer une centaine de pollens de types différents. Bien
sûr un grand nombre seront communs à la plupart des miels, d'autres en revanche
dépendront de la région, montagne, plaine, pays étrangers etc...
Une bonne collection
devrait donc comporter plusieurs centaines de pollens des principales plantes
mellifères. Rappelons que pratiquement toutes
les plantes ont une reproduction sexuée et sont généralement
hermaphrodites c'est-à-dire que l'on trouve à la fois la
semence mâle ou pollen et les ovules
dans une même fleur. Le pollen se trouve dans des bourses que l'on appelle anthères
situées au sommet de petites tiges, les filets, l'ensemble
formant les étamines. Celles-ci entourent une partie centrale
comportant à la partie inférieure l'ovaire et ses ovules
surmonté d'un style terminé par la partie réceptrice, le stigmate.
2.Documentation
et Matériels nécessaires.
Documentation : il faut évidemment pouvoir identifier avec précision les plantes mellifères visitées par
les abeilles, pour cela il vous faut une documentation
suffisante, la bibliographie en fin d'article propose quelques livres qui pourront vous
aider.
Matériels
: pour la préparation et l'examen des pollens et de ceux contenus
dans le miel, il faut pouvoir disposer d'une loupe si possible binoculaire d'un grossissement
d'environ 20 fois et d'un microscope
équipé d'un micromètre permettant un grossissement de 200 à 600 fois et si possible 1000 fois. Sont également
nécessaires : lames et lamelles de microscope et boites de rangement, petit pinceau genre maquillage,
brucelles fines et glycérine gélatinée colorée.
Nota:
Il n'est pas difficile d'ajouter un micromètre à un microscope non équipé, il
suffit de le monter dans le plan focal de loculaire.
La société OSI 141 ,rue de Javel, 75739
Paris Cedex fournit un tel disque gradué
pour environ 130 frcs TTC.
3.Récolte
du pollen. Les
anthères de la fleur ne produisent du pollen
en quantité notable que pendant un laps de
temps relativement court et essentiellement
au début de la floraison. C'est également le moment où
l'identification est la plus facile car la fleur est intacte. Après identification, récolter les anthères à
l'aide de ciseaux très fins et les faire
sécher pendant au moins 3 jours dans un endroit chaud et sec, par exemple entre 2 verres de montre. Dans certains
cas on pourra avoir à laisser mûrir la
plante dans un endroit calme en la plaçant dans un vase avec de l'eau
(plantes à chatons , tanaisie...) ou bien à la retourner entre 2 verres de montre de façon à
récolter le pollen dans le verre de montre inférieur (myosotis, valériane...).
Faire très attention aux contaminations polliniques, en
effet le pollen s'agrippe très facilement
même au verre et se disperse avec une grande
facilité dans les courants d'air.
Le petit outillage: pointe, brucelles, pinceau, boite plastique à réceptacles...
Montage des pollens.
Lorsque les grains sont bien secs on procède au montage entre lame et lamelle. Pour cela on met
les anthères éclatées ou le pollen dans
un petit godet plus haut que large de 0,5 à 1cc rempli
d'alcool. L'alcool à brûler convient
très bien. On brasse avec un très
petit pinceau genre pinceau de maquillage
puis on élimine les anthères vides. On effectue au moins trois lavages successifs,
parfois dix
sont nécessaires (cas du pissenlit par exemple). On peut aussi essayer l'éther
ou l'acétone mais attention le récipient
doit être en verre. Les grains de pollen devront être totalement décolorés et ne
plus coller, dans la mesure du possible, les uns aux autres. La taille des
grains est
très variable elle varie, grosso modo, de 7 microns (myosotis) à 150 microns (courge)
avec une moyenne de 25 à 30 microns. Après le dernier
lavage il faut prendre la dernière goutte avec une petite pipette et la déposer sur une lame propre chauffée à
environ 40 degrés. On l'étale avec un petit
pinceau et à l'aide d'une pointe très fine on élimine tous les déchets végétaux un à un sous la loupe binoculaire.
Notons qu'il faut suffisamment de grains pour que l'examen microscopique ultérieur soit
facile en permettant de voir dans un même champ oculaire des grains dans toutes les positions. En effet l'identification se base
essentiellement sur le nombre et la position des sillons et des pores,
les dimensions suivant les plans équatoriaux
et polaires et le motif ornemental.
Le milieu utilisé pour le montage est la glycérine gélatinée colorée. On la prépare, ou on l'achète toute préparée, de la
façon suivante. A 10 grammes de gélatine en feuilles, que l'on a laissé gonfler
dans de
l'eau tiède, on ajoute 15 grammes de
glycérine et 1 gramme d'acide phénique.
Au liquide
obtenu on ajoute une petite goutte de
colorant, bleu de méthylène ou vert
d'iode que l'on mélange intimement. La coloration doit être très légère.
On en prélève
une goutte que l'on dépose sur la lame au centre des
grains de pollen. On dépose ensuite délicatement une lamelle sur
cette goutte
sans appuyer mais en maintenant cette lame support à
environ 40
degrés pendant plusieurs heures et on la laisse ensuite refroidir
environ 24 heures. On enlève, le cas échéant, l'excédent de
gélatine avec une petite éponge et
finalement on lute les bords de la lamelle avec un petit pinceau enduit de vernis
à ongles pour sceller la préparation.
La lame est
prête pour l'examen microscopique. Un grossissement de 400 fois est
généralement satisfaisant, toutefois certains détails
ne sont visibles qu'avec un
grossissement de 1000 mais il est assez rare d'y avoir recours. La conservation d'une collection ainsi
confectionnée est bonne surtout si on la garde au frais et à l'abri de la lumière.
BIBLIOGRAPHIE. Flore complète portative de la France de la Suisse
et de
la Belgique par Gaston Bonnier et Georges Layens. Editions Belin. Comporte 5338
figures en noir et blanc. Prix 132 Frcs. D'un usage assez délicat, ne contient pas les
plantes issues des jardins telles que le buddleia ou le solidage du Canada pourtant très communes. Les noms des fleurs par Gaston Bonnier. Editions Belin.2715 figures en
noir et
blanc. Prix 110 Frcs. D'un emploi
facile mais incomplet.
La Flore d'Europe Occidentale
par Marjorie Blamey et Christopher GreyWilson
aux Editions Arthaud. 2400 plantes sont
décrites et représentées en couleurs. Prix
290 Frcs. Très pratique. Les plantes sont classées
par familles. Les principales plantes issues des jardins y figurent mais pas les graminées, ce qui n'est pas gênant pour
l'apiculteur.
LAnalyse
des Miels.
La méthode utilisée est relativement simple,
même si sa mise en pratique demande beaucoup de patience et une certaine expérience
pour une bonne identification des pollens.
Elle est basée sur la différence de densité entre les pollens et leau et a
fortiori lalcool (voir note technique ci-dessous). Elle nécessite
normalement l'emploi d'une centrifugeuse; toutefois, comme cet appareillage n'est pas tout à fait à la
portée de l'amateur moyen, une méthode s'en
affranchissant est décrite ci-dessous. On prend un récipient genre verre à pied dans
lequel on verse 50cm3 d'eau du robinet portée à 40 degrés environ. On ajoute alors
l'échantillon de miel bien décanté (10 ou 15
grammes suffisent) et on laisse décanter 24 heures dans un endroit calme et chaud (maximum 40°c). On retire avec précaution tout le liquide surnageant
avec une pipette sauf le dernier demi-cm3 auquel
on ajoute environ 20 cm3 d'eau du robinet tiède. On
met les particules en suspension
en remuant de façon circulaire pour favoriser le
dépôt des particules au centre.
Laisser encore décanter 6 à 12 heures, puis
retirer délicatement tout le liquide, sauf les 2/3 dernières gouttes que l'on dilue avec de l'alcool
à brûler (1cc) deux fois de suite en laissant reposer
environ 1/4 d'heure et en éliminant à chaque fois le liquide surnageant
avec une seringue.
Enfin avec une pipette, prélever la dernière goutte et la déposer délicatement au
centre d'une lame de microscope. Verser une goutte de glycérine
gélatinée teintée légèrement, avec par exemple
du bleu de méthylène, puis recouvrir d'une lamelle. Luter les bords avec du vernis à ongles après avoir enlevé,
éventuellement, l'excédent de gelée.
On peut alors, avec un grossissement de 250
à 400, examiner les différents grains de pollen et tenter leur identification. Certains sont très faciles:
colza, marronnier d'Inde, tilleul, épilobe, mauve etc..., d'autres sont un peu
plus difficiles. A noter toutefois que si
l'identification fine est assez longue
de par la diversité des pollens rencontrés, de l'ordre
de la centaine, en revanche il est
facile de déterminer qu'un miel est un
mélange :
miel de montagne/miel de plaine, par exemple ou
a fortiori miel local/ miel à pollens exotiques, car on y
rencontre alors certains pollens typiques des zones de butinage. Un problème, il
n'existe pas, à ma connaissance, de répertoire en langue française des pollens
récoltés par l'abeille, vous devrez donc
vous le constituer à partir des fleurs des
plantes visitées. C'est un travail de longue
haleine mais fascinant, et le résultat est à la hauteur des espérances.
NOTA. Il peut s'avérer utile, dans le cas où le miel
à analyser serait très chargé en particules végétales, de l'éclaircir
dans un bain d'eau tiède dilué à 5 pour 1000 d'acide sulfurique ceci
juste avant les bains d'alcool.
Note
technique.
La vitesse de sédimentation de particules solides en suspension dans un liquide est
définie par la formule de STOKES qui sécrit:
Vs=k.r2.g.(r-r0)/h
où
k est une constante, r est le rayon des particules, ici le pollen, g est
laccélération subie par le milieu, r et
r0
sont respectivement les masses volumiques du pollen et du milieu, et h
la viscosité du milieu (vaut pour leau 1,005 à 200C et 0,656 à 400C).
Bibliographie:
ATLAS photographique d'analyse pollinique des miels par Jean LOUVEAUX
1970, publié par le Service de Répression des Fraudes
et du Contrôle de la Qualité 42 bis
rue de Bourgogne 75007 Paris.
HONEY Identification par Rex SAWYER, en anglais (£16.50). Cardiff
Academic Press 39 Rannoch Drive, Cardiff CF2 6PL (Pays de Galles).
Remarques
sur linterprétation des Résultats.
1.Introduction.
Après avoir obtenu une lame porte-objet contenant les pollens présents dans un miel il
convient dinterpréter les résultats. Les notes qui suivent se proposent de donner
des indications à la fois qualitative et quantitative
sur la façon de faire.
2.Remarques
générales
-concernant les pollens.
La Flore française avec environ 5.000 plantes
n'en recèle qu'un peu plus de 400
(436 d'après Jean Louveaux) qui sont visitées
par les abeilles. Sur celles-ci seules une trentaine
sont d'importance majeure pour les abeilles et environ 70 permettent
parfois une petite récolte. Par ailleurs si la plupart fournissent à la fois pollen et nectar un certain nombre ne fournissent que du pollen, saule,
coquelicot, aulne, spirée, graminées dont le mais, sureau etc..., d'autres ne
fournissent pratiquement que du nectar.
-concernant les miels. La plupart des miels
récoltés dans notre région sont
pratiquement tous d'origine nectarifère (nectaires
floraux et extrafloraux) mais, ainsi
qu'on peut s'en rendre compte par l'analyse pollinique
,la présence de miellat en très
petite quantité est très
fréquente. Certaines années toute fois elle peut être
importante notamment dans les ruchers proches des sapins et surtout
des épicéas.(Miels dits de sapin).
3.Le Miellat. Rappelons ce qu'est le miellat, il s'agit d'un liquide
sucré sécrété par des hémiptères essentiellement
des pucerons (Buchneria) ou des
cochenilles (Physokermes hemicryphus). Ceux-ci piquent les tissus de la plante pour en extraire la sève
et plus particulièrement son contenu protéique. Comme
ce dernier est
peu concentré le puceron absorbe beaucoup de sève et en rejette la plus grande partie,
par l'anus. C'est cette sève sucrée qui est
"pompée" par nos abeilles pour donner le miel de miellat.
On comprendra,
dans ces conditions, que le miellat soit très pauvre
en pollen, on y trouvera parfois des pollens de plantes anémophiles c'est-à-dire
de plantes dont le pollen est dispersé par le vent et englué dans le miellat
ainsi que des algues, des spores de champignons
comme les fumagines (Alternaria en
forme de massue par exemple ),des poussières et des suies. Notons toutefois qu'en
dépit de cette présentation apparemment peu "ragoûtante" le miel de miellat
comporte certaines substances inconnues dans les miels classiques notamment des gommes et dextrines, sans doute bénéfiques pour certaines
affections des voies respiratoires. Mentionnons dans les Alpes la fameuse "manne de
Briançon" due à un
puceron Cinaris laricis qui se développe sur le mélèze situé à des
altitudes généralement supérieures à 1500 mètres. La présence d'un sucre, le
mélézitose, cristallisant facilement
explique les difficultés d'extraction rencontrées.
4.L'utilité du pollen. L'abeille recueille essentiellement
quatre produits dans la Nature ce sont:
l'eau, de préférence
azotée, la propolis, le nectar et le pollen. Nous ne parlerons ici que du dernier. Il est
destiné à servir de
source de protéines pour l'élaboration
du squelette de nos insectes. Il est
donc indispensable pour démarrer tout
élevage, le nectar ne contenant que des sucres ne pourrait remplir ce
rôle, la transformation sucres-protéines
n'étant pas possible. Au printemps lors du développement
des colonies les abeilles récoltent donc beaucoup de pollen qui ne se retrouvera en fait que peu dans le miel
étant absorbé par l'élevage
(gui,érable,aulne,noisetier,fruitiers etc...) et puis lors de la miellée les gros producteurs de nectar (trèfles, colza, sainfoin, tilleul, bruyère, châtaignier
etc...) prendront la relève et c'est là
que nous pourrons détecter l'origine florale réelle des miels ainsi que leur
importance pondérale relative.
5.Le coefficient pollinique.
Les études effectuées en 1942 par Todd et
Vansell et reprises par différents auteurs depuis ont introduit ce que
l'on appelle
le coefficient pollinique. Les
chercheurs ont
en effet établi que les miels
monofloraux ont un nombre bien défini de grains de
pollen par
unité de poids avec une variance
raisonnable. On trouve fréquemment dans les
cadres de hausse des zones entièrement monoflorales ce qui permet en comptant le nombre
de grains de pollen dans 10 gr de miel (ce qui n'est pas très facile mais peut se faire avec de la
patience) de déterminer ce coefficient pollinique. On trouvera en annexe les valeurs pour
les principaux pollens de nos régions. En pratique, l'établissement du pourcentage des différentes plantes constituant un
miel est effectué de la façon suivante :
1.on
compte le nombre total de grains de pollen d'un échantillon de 5 à 15 gr de miel.
2.on
évalue le pourcentage de chaque pollen
3.on
calcule les quantités relatives de miel en divisant le chiffre obtenu en 2 par le
coefficient pollinique.
4.le pourcentage des nectars des différentes
origines est obtenu en divisant le chiffre obtenu en 3 par la somme des quantités relatives. Pour fixer les idées voici un exemple
simple:
Plante |
Nbre grains |
% Pollen |
Coeff.Pollin. |
Qté relative |
% nectar |
chataignier |
1900 |
95 |
1000 |
0,095 |
16% |
tilleul |
100 |
5 |
10 |
0,5 |
84% |
Total |
2000 |
100% |
0,595 |
100% |
En
conclusion, bien que possédant 19 fois
plus de
pollen de châtaignier, ce miel, par l'application du coefficient pollinique, se retrouve avec seulement 16%
de nectar de châtaignier contre 84% de
tilleul.
6.Précision de l'évaluation.
Les résultats obtenus sont habituellement suffisamment
fiables pour les besoins commerciaux
courants et fournissent toujours des renseignements précieux sur l'origine, la
flore butinée, la présence de déchets
(suies ou miellat).Les sources d'erreur sont diverses citons:
-l'absence de
coefficient pollinique pour certaines plantes.
-un pollen en
quantité anormalement élevée (extraction douteuse).
-la présence de
nombreux dépôts :suies, spores etc...
On observera que la validité des résultats obtenus peut être vérifiée. On pourra notamment déterminer
l'importance des pollens non
pris en
compte en appliquant le coefficient pollinique
au nombre de grains de pollen effectivement comptés dans 10
gr de miel ou rapportés à cette valeur. L'examen d'un
miel bon marché acheté sur une grande surface a, par exemple, montré
indubitablement son origine tropicale ou
semi-tropicale par la présence des pollens suivants: oryza (riz), mimosa bimucronata,
vernonia (composée tropicale) ainsi que de nombreux
dépôts et spores typiques des miels d'Extrême-Orient et notamment chinois.
7.Structure des grains
de pollen.
Un grain de pollen est une cellule vivante sexuée, mâle, entourée de deux
couches protectrices, l'intine et l'exine. La
cellule contient le cytoplasme et 2 nuclei qui ne sont
pas visibles avec la méthode utilisée pour
l'identification. Lorsqu'un grain, sous différentes
influences, atteint le stigmate d'une fleur
compatible, la cellule "germe" et produit 2 nuclei fertilisateurs et un tube pollinique.
Ce dernier va les acheminer dans l'ovaire de la fleur
pour qu'ils fusionnent avec les nuclei de l'ovule. Cette fusion s'achève par une graine.
Les grains de pollen sont soit :
- simples avec une seule cellule, cas le plus
fréquent.
- ou composés en tétrades (4 grains adjacents), cas
des éricacées (bruyère, rhododendron etc.)
- ou composés en polyades (8, 16 ou 32 grains
adjacents), cas des mimosacées.
L'intine est une
membrane semi-perméable, fine, entourant
le cytoplasme. L'exine est la couche externe, souvent
compliquée, d'une matière appelée "sporopollénine" de composition mal connue mais particulièrement résistante puisqu'on
la retrouve sous forme fossile après des millions d'années.
L'exine
comprend :
- une base claire et uniforme.
- des tiges ou columelles disposées radialement plus
ou moins espacées.
- le toit ou tectum parfois incomplet
laissant apparaître les columelles.
- et enfin l'ornementation, épines, murettes, dépressions,
etc... La disposition générale d'un grain
varie beaucoup, néanmoins le cas le plus fréquent
est un grain plus ou moins
sphérique comportant 3 apertures (pores
ou sillons), ce qui le rend plus ou moins triangulaire. Suivant le plan
selon lequel on l'examine un grain de pollen aura des contours différents dans le
cas général, ainsi par exemple :
dans
le plan polaire on aura un contour:
- circulaire
pour la vesce (vicia)
- subcirculaire
pour l'érable (acer)
-
subtriangulaire pour la bourdaine (frangula alnus)
- triangulaire
pour l'eucalyptus
et
dans le plan équatorial on aura un contour:
- prolate (ovale allongé suivant l'axe polaire)
pour la vesce
- oblate (ovale allongé suivant l'axe équatorial)
pour la sauge (salvia)
- sphérique pour la jasione (jasione montana).
La plupart des
grains sont isopolaires (pôles semblables), toutefois il y a
une exception notable, la vipérine vulgaire, qui est de forme ovoïde ou anisopolaire
(pôles différents).
Les
apertures.
On peut voir à la surface du pollen des zones présentant un amincissement
ou même une absence de certaines couches de l'exine, celles-ci correspondent aux points de sortie
possible du tube pollinique, ce sont les apertures. Elles sont fréquemment renflées comme dans le
robinier faux acacia. Selon leur forme, on distingue les
pores (porus) de forme arrondie et les sillons (colpus) de forme allongée. De
nombreuses combinaisons sont possibles entre
les pores et les sillons, citons les grains :
-
colporés (pores plus sillons) robinier, tilleul,
trèfle blanc tous tricolporés
-
monoporés (froment), diporés (colchique), triporés (campanule)
-
monocolpé(lys),dicolpés (hypécoum), tricolpés (amandier,sainfoin).
En revanche, le
mélèze est inaperturé (ni pore ni sillon) mais la bourrache possède 6 sillons (grains
stéphanocolpés). Certains grains sont plus particuliers tels que le lychnis qui présente des
pores sur toute la surface (grains périporés) ou des pores et des sillons en alternance
comme la salicaire (grains hétérocolporés). Mentionnons encore
le mélilot qui a 3 sillons associés à 3 pores (grains tricolporés).
Enfin 3 types
très particuliers sont rencontrés fréquemment:
-les grains
fenestrés propres à la plupart des composées
(pissenlit,
chicorée intybe, etc.),sorte de grains à
hublots très décoratifs.
-les grains bi-ailés, propres aux gymnospermes pin, sapin,
comportant 2 ballonnets réunis par une sorte de pont. Ce pollen est pratiquement toujours
présent dans nos miels.
-les grains composés en tétrades (bruyère) ou en polyades (mimosacées).
L'ornementation de l'exine.
L'exine présente fréquemment des figures géométriques ou des traits qui
permettent généralement une bonne identification. Citons quelques cas
typiques:
- exine lisse
(bourdaine)
- exine
fovéolée (tilleul).Nombreuses petites dépressions.
- exine striée(fruitiers genre prunus).Style empreinte digitale.
- exine
ponctuée (campanule).Nombreux petits points noirs.
- exine baculée
(gui). Eléments de sculpture plus hauts que larges.
- exine
échinulée (verge d'or).Eléments de sculpture pointus.
- exine
réticulée (lis,ciste,colza).En réseau ou filet.
8.Observations diverses. Si les caractéristiques
générales sont relativement
fixes (forme,nombre d'apertures) certaines varient un peu suivant les
variétés sans empêcher toutefois l'identification.La dimension des grains
possède une certaine variabilité jusqu'à 25-30% mais heureusement souvent beaucoup moins.
Par ailleurs certaines espèces, peu nombreuses,
ont un nombre de pores variable comme l'épilobe en épi
(3 ou 4),l'aulne (4, 5 ou 6) et la campanule (3 ou 4).
ANNEXE
Tableau des principaux coefficients polliniques.
(en milliers de grains/10grs de Miel ).
0,3 - Epilobe en épi (chamerion augustifolium)
5 - Labiacées,thym,romarin,luzerne
10 - Bruyère,tournesol,acacia,tilleul
25 - Troëne,lotier,fruitiers,trèfle incarnat et
rouge
35 - Vesce faba
50 - Houx,ronce,trèfle blanc.
75 - Mélilot,sainfoin.
150 - Colza.
250 - Vipérine vulgaire
1000
- Châtaignier
5000
- Myosotis.
![]() | à droite, loupe binoculaire grossissant de 7 à 40 fois (zoom) avec éclairage en lumière froide par fibre optique. |
![]() | à gauche microscope binoculaire grossissant de 100 à 600 fois. |
![]() | au milieu verres à pied servant à la décantation.... |
Vue de Pollens dessinés à la main avant l'arrivée du microscope à balayage électronique...
A titre d'exemple voici un exemple d'analyse pollinique pour une région donnée (Alpes du Nord) cliquer ici: pollen98.pdf