Saint Ismier le 16 mars 1996             

 

      L’Analyse Pollinique des Miels par l’Amateur.

        Chacun  sait que la saveur d'un miel dépend des nectars ré­coltés  par l'abeille sans parler, bien entendu, des facteurs an­nexes tels que  mode d'extraction ou stockage. Ce que l'on sait moins c'est que, à  de  rares exceptions  près (acacia pur et surtout lavande), la quantité de pol­len contenue dans les miels, même les plus fluides, est importante. Typiquement, elle  est  de 20.000  à  100.000  grains dans un échantillon de 15  grammes  (quelques milliers  dans  l'acacia et au plus quelques dizaines dans la lavande).

  La science, qui  se  propose  de  déterminer l'origine florale   des  miels,  s'appelle  la  mélissopalynologie. Les premiers  travaux d'importance ont été réalisés par le professeur  Enoch ZANDER et publiés en 1935, puis le professeur Jean LOUVEAUX a publié  en 1970  sa  méthode, suivi en 1981 par Rex SAWYER, un anglais, qui a, lui, publié deux  livres l'un sur l'identifica­tion des pollens utilisés  par l'abeille (en rupture de stock), et l'autre sur l'analyse pollinique des miels.

                        Le POLLEN.

 

1.Introduction. Pour vous permettre de déterminer l'origine des pollens stockés dans vos ruches  ou  connaître  l'origine  de vos  miels  il  vous  faut  pouvoir identifier  les  pollens avec précision. Pour cela il vous faudra vous constituer une collection de pollens de référence. Pour évaluer  l'ampleur  de  la tâche il faut savoir que dans un miel polyfloral on peut rencontrer  une centaine de pollens de types différents. Bien sûr un grand nombre seront com­muns  à  la plupart des miels, d'autres en revanche dépendront de la région, montagne, plaine, pays étrangers etc...

  Une bonne  collection devrait donc comporter plusieurs cen­taines de pollens des principales plantes mellifères. Rap­pelons que pratiquement  toutes les plantes   ont   une  repro­duction  sexuée  et  sont   généralement hermaphrodites c'est-à-dire que l'on trouve à la fois la  semence  mâle ou pollen et les ovules dans une même fleur. Le pollen se trouve dans des bourses que l'on appelle anthères situées au sommet de petites tiges, les filets, l'ensemble  formant les étamines. Celles-ci entourent  une  partie centrale  comportant  à  la partie inférieure  l'ovaire  et  ses  ovules surmonté d'un style terminé par la partie récep­trice, le stigmate.

 

2.Documentation et Matériels nécessaires.

Documentation  : il faut évidemment pouvoir identifier avec  pré­cision les plantes mellifères visitées par les abeilles, pour cela il vous faut une  documentation suffisante, la bibliographie en fin d'article propose quelques livres qui pourront vous aider.

Matériels  :  pour  la préparation et l'examen des pollens  et  de  ceux contenus  dans le miel, il faut pouvoir disposer d'une loupe si possible binoculaire  d'un  grossissement d'environ 20 fois  et  d'un  microscope équipé d'un micromètre permettant un grossissement de 200 à 600 fois  et si possible 1000 fois. Sont également nécessaires : lames et lamelles de microscope  et  boi­tes  de  rangement, petit pinceau  genre  maquillage, brucelles fines et glycérine gélatinée colorée.

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Nota: Il n'est pas difficile d'ajouter un micromètre à un mi­croscope non  équipé, il  suffit de le monter dans le plan focal de  l’oculaire. La société  OSI 141 ,rue de Javel, 75739 Paris Cedex fournit un tel  disque gradué pour environ 130 frcs TTC.

 

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3.Récolte du pollen. Les anthères de la fleur ne produisent du  pollen en  quantité notable que pendant un laps de temps rela­tivement court  et essentiellement au début de la floraison. C'est également  le  moment  où l'identification  est  la plus facile car la fleur  est  intacte.  Après identification, récolter les anthères à l'aide de ciseaux très  fins  et les  faire sécher pendant au moins 3 jours dans un endroit chaud et sec, par  exem­ple entre 2 verres de montre. Dans certains cas on pourra avoir à  laisser mûrir la plante dans un endroit calme en la plaçant  dans  un vase  avec  de  l'eau (plantes à chatons , tanaisie...)  ou  bien  à  la retourner entre 2 verres de montre de façon à récol­ter le pollen dans le verre de montre inférieur (myosotis, valé­riane...). Faire très attention aux  contaminations  polliniques, en  effet  le  pollen  s'agrippe  très facilement  même au verre et se disperse avec une grande  facilité  dans les courants d'air.

 

          Le petit outillage: pointe, brucelles, pinceau, boite plastique à réceptacles...

 

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Montage  des  pollens. Lorsque les grains sont bien secs on  procède  au montage entre lame et lamelle. Pour cela on met les anthères éclatées  ou le  pollen  dans un petit godet plus haut que large de 0,5 à 1cc  rempli d'alcool. L'alcool  à brûler con­vient très bien. On brasse  avec  un  très petit  pinceau genre pinceau de maquillage puis on élimine les  anthères vides.  On effectue au moins trois lavages successifs, parfois  dix  sont né­cessaires (cas du pissenlit par exemple). On peut aussi essayer l'éther ou  l'acétone mais attention le récipient doit être en verre. Les  grains de  pollen devront être totalement décolorés et ne plus coller, dans  la mesure  du possible, les uns aux autres. La taille des grains  est  très variable elle varie, grosso modo, de 7 microns (myosotis) à 150  microns (courge)  avec  une  moyenne de 25 à 30 microns. Après  le  dernier lavage il faut prendre la dernière goutte avec une petite pipette et  la déposer sur une lame propre chauffée à environ 40 degrés. On l'étale avec un  petit pinceau et à l'aide d'une pointe très fine on élimine tous les déchets  végétaux un à un sous la loupe bi­noculaire. Notons qu'il faut suffisamment de grains pour que l'examen microscopique  ultérieur  soit facile en permettant de voir dans un même champ oculaire des grains dans toutes les  po­sitions. En effet l'identification se base essentiellement sur  le  nombre et la position des sillons et des pores, les  dimensions suivant les plans équatoriaux et polaires et le motif ornemental.

        Le  milieu  utilisé  pour le montage est la glycérine  géla­tinée colorée. On la  prépare, ou on l'achète toute  préparée, de la  façon suivante. A 10 grammes de gélatine en feuilles, que l'on a laissé gonfler dans  de  l'eau  tiède, on ajoute 15 grammes de gly­cérine et 1 gramme d'acide  phé­nique. Au  liquide  obtenu on ajoute  une petite  goutte  de co­lorant, bleu de  méthylène  ou  vert d'iode que l'on mélange in­timement. La coloration doit être très légère.

        On  en  prélève une goutte que l'on dépose sur la lame au centre des  grains  de  pollen. On dépose ensuite délicatement une  lamelle  sur cette  goutte  sans  appuyer mais en maintenant  cette  lame  support  à environ  40  degrés  pendant plusieurs heures et on  la  laisse  ensuite refroidir  environ  24  heures. On enlève, le cas échéant,  l'excédent  de gélatine  avec une petite éponge et finalement on lute les bords  de  la lamelle avec un petit pinceau enduit de vernis à ongles pour sceller  la préparation.

        La lame est prête pour l'examen microscopique. Un grossis­sement de 400  fois  est généralement satisfaisant, toutefois certains détails  ne sont  visibles qu'avec un grossissement de 1000 mais il est  assez  rare d'y  avoir  recours. La conservation d'une collection ainsi confectionnée est bonne surtout si on la garde au frais et à l'abri de la lumière.

BIBLIOGRAPHIE. Flore complète portative de la France de la Suisse et  de la Belgique par Gaston Bonnier et Georges Layens. Editions Belin. Comporte 5338 figures en noir et blanc. Prix 132 Frcs. D'un u­sage assez délicat, ne contient pas les plantes issues des jar­dins telles que le buddleia ou le solidage  du  Canada  pourtant très communes. Les noms  des  fleurs  par Gaston Bonnier. Editions Belin.2715 figures en noir  et  blanc. Prix  110 Frcs. D'un emploi facile mais incomplet.

La  Flore d'Europe Occidentale par Marjorie Blamey et Christopher  Grey­Wilson aux  Editions Arthaud. 2400 plantes sont décrites et représentées en  couleurs. Prix 290 Frcs. Très pratique. Les plan­tes sont classées  par familles. Les principales plantes issues des jardins y figurent mais  pas les graminées, ce qui n'est pas gênant pour l'apiculteur.

         L’Analyse des Miels.

  La méthode utilisée est relativement simple, même si sa mise  en pratique  demande beaucoup de patience et une certaine  expé­rience  pour une bonne  identification  des  pollens. Elle est basée sur la différence de densité entre les pollens et l’eau et a fortiori l’alcool (voir note technique ci-dessous). Elle  né­cessite  normalement l'emploi  d'une  centrifugeuse; toutefois, comme cet appareillage  n'est pas  tout  à  fait  à  la portée de l'amateur moyen,  une  méthode  s'en affranchissant est décrite ci-dessous. On prend un récipient genre verre à  pied  dans le­quel on verse 50cm3 d'eau du robinet portée à 40 degrés envi­ron. On ajoute alors l'échantillon de miel bien décanté  (10  ou  15 grammes suffisent) et on laisse décanter 24 heures dans un en­droit calme et  chaud  (maximum  40°c). On retire avec précaution  tout  le  liquide surnageant  avec une pipette sauf le dernier demi-cm3 auquel  on  ajoute environ  20  cm3  d'eau  du  robinet tiède. On  met les  particules  en suspension  en remuant de fa­çon circulaire pour favoriser le  dépôt  des particules  au  cen­tre. Laisser encore décanter  6  à  12  heures,  puis retirer dé­licatement tout le liquide, sauf les 2/3 dernières gouttes que l'on  dilue  avec  de  l'alcool à brûler (1cc) deux  fois  de  suite  en laissant  reposer environ 1/4 d'heure et en éliminant à chaque  fois  le liquide  surnageant avec une seringue.

  Enfin avec une pipette, prélever la  dernière goutte et la déposer délicatement au centre d'une  lame  de microscope. Verser une goutte de glycérine gélatinée teintée  légèrement, avec  par  exemple du bleu de méthylène, puis recouvrir d'une lamelle. Luter les bords  avec  du  vernis  à  ongles  après  avoir   enlevé, éventuellement,   l'excédent  de  gelée. On  peut a­lors, avec un grossissement de 250 à 400, examiner les diffé­rents grains de pollen et tenter leur   identification.  Cer­tains  sont  très  faciles: colza, marronnier d'Inde, tilleul, épilobe, mauve etc..., d'autres sont  un  peu plus  difficiles. A noter toutefois que si l'identification  fine  est assez  longue de par la diversité des pollens rencontrés, de l'ordre  de la  centaine, en revanche il est facile de déterminer qu'un miel est  un mélange  :  miel de montagne/miel de plaine, par exemple ou  a  fortiori miel  local/ miel à pollens exotiques, car on y rencon­tre alors certains pollens typiques des zones de butinage. Un problème, il n'existe pas, à ma connaissance, de répertoire en langue française des pollens récoltés par  l'abeille, vous devrez donc vous le constituer à partir des  fleurs des plantes   visi­tées. C'est  un  travail  de  longue haleine mais fascinant, et le résultat est à la hauteur des espérances.

NOTA.  Il peut s'avérer utile, dans le cas où le miel à analyser  serait très  chargé en particules végétales, de l'éclaircir dans un bain  d'eau tiède  dilué à 5 pour 1000 d'acide sulfurique ceci juste avant les bains d'alcool.

Note technique. La vitesse de sédimentation de particules solides en suspension dans un liquide est définie par la formule de STOKES qui s’écrit:

         Vs=k.r2.g.(r-r0)/h

où k est une constante, r est le rayon des particules, ici le pollen, g est l’accélération subie par le milieu, r et  r0 sont respectivement les masses volumiques du pollen et du milieu, et h la viscosité du milieu (vaut pour l’eau 1,005 à 200C et 0,656 à 400C).

Bibliographie: ATLAS photographique d'analyse pollinique des  mi­els  par Jean  LOUVEAUX 1970, publié par le Service de Répression des Fraudes  et du Contrôle de la Qualité  42 bis rue de Bourgogne  75007 Paris.

HONEY  Identification  par  Rex  SAWYER, en  anglais  (£16.50).  Cardiff Academic Press 39 Rannoch Drive, Cardiff CF2 6PL (Pays de Galles).

 

 

        Remarques sur l’interprétation des Résultats.

 

1.Introduction. Après avoir obtenu une lame porte-objet contenant les pollens présents dans un miel il convient d’interpréter les résultats. Les notes qui suivent se proposent de donner des indications  à  la fois  qualitative  et  quantitative sur la façon de faire.

2.Remarques générales

        -concernant  les pollens. La Flore française avec  environ  5.000 plantes  n'en  recèle qu'un peu plus de 400 (436 d'après Jean  Louveaux) qui  sont  visitées par les abeilles. Sur celles-ci seules une  trentaine sont  d'importance  majeure pour les abeilles et environ  70  permettent parfois une petite récolte. Par ailleurs si la plupart fournissent à la fois pollen  et nectar un certain nombre ne fournissent que du  pollen,  saule, coquelicot, aulne, spirée, graminées dont le mais, sureau etc..., d'autres ne fournissent pratiquement que du nectar.

        -concernant les miels. La plupart des miels récoltés dans  notre région sont pratiquement tous d'origine nectarifère (nectaires  floraux et  extrafloraux) mais, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par l'analyse pollinique  ,la  présence de miellat en très petite  quantité  est  très fréquente. Certaines  années  toute  fois  elle  peut   être   importante notamment dans  les  ruchers  proches  des  sapins  et   surtout des épicéas.(Miels dits de sapin).

3.Le  Miellat.  Rappelons ce qu'est le miellat, il s'agit  d'un  liquide sucré sécrété   par  des  hémiptères  essentiellement   des   pucerons (Buchneria) ou des cochenilles (Physokermes hemicryphus). Ceux-ci piquent les tissus   de  la  plante  pour  en  extraire  la   sève et   plus particulièrement  son  contenu  protéique. Comme  ce  dernier   est   peu concentré  le  puceron absorbe beaucoup de sève et en  rejette  la  plus grande  par­tie, par l'anus. C'est  cette  sève  sucrée  qui  est "pompée" par nos abeilles pour donner le miel de miellat.

        On comprendra, dans ces conditions, que le miellat soit très pauvre  en pollen, on y trouvera parfois des pollens de plantes anémophiles  c'est-à-dire  de plantes dont le pollen est dispersé par le vent et englué  dans le miellat  ainsi que des algues, des spores de champignons  comme  les fumagines (Alternaria en forme de massue par exemple ),des poussières et des suies. Notons toute­fois qu'en dépit de cette présentation apparemment peu  "ragoûtante"  le  miel  de  miellat comporte  certaines  sub­stances inconnues  dans les miels classiques notamment des gommes et  dextrines, sans doute bénéfiques pour certaines affections des voies respiratoires. Mentionnons dans les Alpes la fameuse "manne de Briançon"  due  à  un puceron  Cinaris  laricis qui se développe sur le  mélèze  situé  à  des altitudes généralement supérieures à 1500 mètres. La présence d'un sucre, le mélézi­tose, cristallisant  facilement explique   les difficultés d'extraction rencontrées.

4.L'utilité  du  pollen.  L'abeille  recueille  essentiellement   quatre produits  dans  la  Nature  ce  sont:  l'eau,  de  préfé­rence  azotée, la propolis, le nectar et le pollen. Nous ne par­lerons ici que du  dernier. Il est  destiné  à  servir  de source de protéines  pour  l'élaboration  du squelette  de nos insec­tes. Il est donc indispensable pour démarrer  tout élevage, le  nectar  ne contenant que des sucres ne pourrait  remplir  ce rôle, la  transformation  sucres-protéines  n'étant  pas  possi­ble. Au printemps lors du développement des colonies les abeilles récoltent donc beaucoup  de  pollen qui ne se retrouvera en fait que peu dans  le  miel étant   absorbé   par l'élevage (gui,érable,aulne,noisetier,fruitiers etc...) et  puis  lors de la miellée les gros  producteurs  de  nectar (trèfles,  colza, sainfoin, tilleul, bruyère, châtaignier etc...) prendront la relève  et  c'est  là que nous pourrons détecter  l'origine  florale réelle des miels ainsi que leur importance pondérale relative.

5.Le  coefficient pollinique. Les études effectuées en 1942 par Todd  et Vansell et reprises par différents auteurs depuis ont introduit  ce  que l'on  appelle  le  coefficient pollinique. Les chercheurs  ont  en  effet établi que les miels monofloraux ont un nombre bien défini de grains  de pollen  par  unité  de poids avec une variance raisonnable. On  trouve fréquemment dans les cadres de hausse des zones entièrement monoflorales ce qui permet en comptant le nombre de grains de pollen dans 10  gr  de miel  (ce  qui  n'est  pas très facile mais peut se  faire  avec  de  la patience) de déterminer ce coefficient pollinique. On trouvera en annexe les  valeurs  pour les principaux pollens de nos ré­gions.  En  pratique, l'établissement  du pourcentage des diffé­rentes plantes  constituant  un miel est effectué de la façon suivante :

1.on compte le nombre total de grains de pollen d'un échantillon  de 5 à 15 gr de miel.

2.on évalue le pourcentage de chaque pollen

3.on calcule les quantités relatives de miel en divisant le chif­fre obtenu en 2 par le coefficient pollinique.

4.le pourcentage des nectars des différentes origines est obtenu en divisant le chiffre obtenu en 3 par la somme des quantités  relatives. Pour fixer les idées voici un exemple simple: 

   

Plante

  Nbre grains

   % Pollen

 Coeff.Pollin.

 Qté relative

 % nectar

 

chataignier 

1900

95

1000

0,095

16%

 

tilleul

100

5

10

0,5

84%

 

Total

2000

100%

 

0,595

100%

  

            En conclusion, bien que  possédant  19  fois plus   de   pol­len de châtaignier, ce miel, par l'application du coefficient pollinique,  se retrouve  avec  seulement  16% de nectar de châtaignier  contre 84% de tilleul.

6.Précision  de  l'évaluation. Les résultats obtenus sont habi­tuellement suffisamment   fiables   pour  les  besoins  commerci­aux   courants et fournissent toujours des renseignements pré­cieux sur l'origine, la flore butinée,  la présence de déchets (suies ou miellat).Les sources d'erreur sont diverses citons:

        -l'absence de coefficient pollinique pour certaines plantes.

        -un pollen en quantité anormalement élevée (extraction douteuse).

        -la présence de nombreux dépôts :suies, spores etc...

On  observera  que  la  validité  des  résultats  obtenus  peut  être vérifiée. On pourra notamment déterminer l'importance  des  pollens  non pris  en  compte en appliquant le coefficient pol­linique  au  nombre  de grains de pollen effectivement comptés dans 10 gr de miel ou rapportés à cette  valeur.  L'examen  d'un miel bon marché  acheté  sur  une  grande surface a, par exemple, montré indubitablement son origine tropicale  ou semi-tropicale par la présence des pollens suivants: oryza (riz), mimosa bimu­cronata, vernonia (composée tropicale) ainsi que de nombreux  dépôts et spores typiques des miels d'Extrême-Orient et notamment chinois.

7.Structure  des  grains de pollen. Un grain de pollen est  une  cellule vivante sexuée, mâle, entourée de deux couches protectri­ces, l'intine et l'exine.  La cellule contient le cytoplasme et 2 nuclei qui ne sont  pas visibles  avec  la  méthode  utilisée pour  l'identification.  Lorsqu'un grain,  sous  différentes in­fluences, atteint le  stigmate  d'une  fleur compatible, la cel­lule "germe" et produit 2 nuclei fertilisateurs et  un tube  pol­linique. Ce dernier va les acheminer dans l'ovaire de la  fleur pour qu'ils fusionnent avec les nuclei de l'ovule. Cette fusion s'achève par une graine. Les grains de pollen sont soit :

        - simples avec une seule cellule, cas le plus fréquent.

        - ou composés en tétrades (4 grains adjacents), cas des érica­cées        (bruyère, rhododendron etc.)

        - ou composés en polyades (8, 16 ou 32 grains adjacents), cas des mimosacées.

        L'intine est une  membrane  semi-perméable,  fine,  entourant le cytoplasme. L'exine est la couche externe, souvent  compli­quée, d'une matière appelée "sporopollénine"  de  composition  mal  connue   mais particulièrement résistante puisqu'on la retrouve  sous  forme fossile après des millions d'années.

        L'exine comprend :

        - une base claire et uniforme.

        - des tiges  ou  columelles disposées  radialement plus  ou  moins espacées.

        - le toit ou  tectum  parfois incomplet  laissant  apparaître  les columelles.

        - et enfin l'ornementation, épines, murettes, dépressions, etc...  La disposition générale d'un grain varie beaucoup, néan­moins le cas le plus fréquent  est  un grain plus ou moins sphé­rique comportant  3  apertures (pores  ou sillons), ce qui le rend plus ou moins triangulaire.  Suivant le plan  selon lequel on l'examine un grain de pollen aura des contours différents dans le cas général, ainsi par exemple :

dans le plan polaire on aura un contour:

        - circulaire pour la vesce (vicia)

        - subcirculaire pour l'érable (acer)

        - subtriangulaire pour la bourdaine (frangula alnus)

        - triangulaire pour l'eucalyptus

et dans le plan équatorial on aura un contour:

        - prolate (ovale allongé suivant l'axe polaire) pour la vesce

        - oblate (ovale allongé suivant l'axe équatorial) pour la sauge (salvia)

        - sphérique pour la jasione (jasione montana).

        La plupart des grains sont isopolaires (pôles semblables), toutefois il y a une exception notable, la vipérine vulgaire, qui est de forme ovoïde ou anisopolaire (pôles différents).

Les apertures. On peut voir à la surface du pollen des zones présentant un amincissement ou même une absence de certaines couches  de  l'exine, celles-ci correspondent  aux  points  de  sortie possible du tube pollinique, ce sont les apertures. Elles sont fréquemment renflées  comme dans  le robinier faux acacia. Selon leur forme, on distingue les  pores (porus) de forme arrondie et les sillons (colpus) de forme allongée. De nombreuses  combinaisons sont possibles entre les pores et les  sillons, citons les grains :

- colporés (pores plus sillons) robinier, tilleul, trèfle blanc tous tricolporés

- monoporés (froment), diporés (colchique), triporés (campanule)

- monocolpé(lys),dicolpés (hypécoum), tri­colpés (amandier,sainfoin).

En  revanche, le mélèze  est inaperturé (ni  pore  ni  sillon)  mais  la bourrache possède 6 sillons (grains stéphanocolpés). Certains grains sont  plus  particuliers tels que le lychnis qui présente des pores  sur toute  la  surface  (grains périporés) ou des pores et  des  sillons  en alternance  comme  la  salicaire  (grains  hétérocolporés).  Mentionnons encore   le  mélilot  qui  a  3  sillons  associés à 3 pores (grains tricolporés).

        Enfin 3 types très particuliers sont rencontrés fréquemment:

        -les   grains   fenestrés  propres  à  la  plupart  des   com­posées (pissenlit,   chicorée intybe, etc.),sorte  de  grains   à   hublots   très décoratifs.

        -les grains bi-ailés, propres aux gymnospermes pin, sapin, comportant 2 ballonnets réunis par une sorte de pont. Ce pollen est pratiquement toujours présent dans nos miels.

        -les grains  composés  en  tétrades  (bruyère)  ou  en   polyades (mimosacées).

L'ornementation  de  l'exine. L'exine présente fréquemment  des  figures géométriques  ou  des  traits  qui permettent généralement  une  bonne identification. Citons quelques cas typiques:

        - exine lisse (bourdaine)

        - exine fovéolée (tilleul).Nombreuses petites dépressions.

        - exine striée(fruitiers genre prunus).Style empreinte  digitale.

        - exine ponctuée (campanule).Nombreux petits points noirs.

        - exine baculée (gui). Eléments de sculpture plus hauts que larges.

        - exine échinulée (verge d'or).Eléments de sculpture pointus.

        - exine réticulée (lis,ciste,colza).En réseau ou filet.

8.Observations   diverses.  Si  les  caractéristiques   générales   sont relativement fixes (forme,nombre d'apertures) certaines varient  un  peu suivant les   variétés  sans  empêcher  toutefois  l'identification.La dimension  des  grains possède une certaine variabilité  jusqu'à  25-30% mais heureusement souvent beaucoup moins. Par ailleurs certaines espèces, peu  nombreuses, ont un nombre de pores variable comme l'épilobe en  épi (3 ou 4),l'aulne (4, 5 ou 6) et la campanule (3 ou 4).

 

 

             ANNEXE

        Tableau des principaux coefficients polliniques.

           (en milliers de grains/10grs de Miel ).

 0,3 - Epilobe en épi (chamerion augustifolium)

   5 - Labiacées,thym,romarin,luzerne

  10 - Bruyère,tournesol,acacia,tilleul

  25 - Troëne,lotier,fruitiers,trèfle incarnat et rouge

  35 - Vesce faba

  50 - Houx,ronce,trèfle blanc.

  75 - Mélilot,sainfoin.

 150 - Colza.

 250 - Vipérine vulgaire

1000 - Châtaignier

5000 - Myosotis.

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à droite, loupe binoculaire grossissant de 7 à 40 fois (zoom) avec éclairage en lumière froide par fibre optique.

 à gauche microscope binoculaire grossissant de 100 à 600 fois.

 au milieu verres à pied servant à la décantation....

 

 

           Vue de Pollens dessinés à la main avant l'arrivée du microscope à balayage électronique...

 

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A titre d'exemple voici un exemple d'analyse pollinique pour une région donnée (Alpes du Nord) cliquer ici:   pollen98.pdf

    

 Nota: Pour tous renseignements complémentaires vous pouvez vous a­dresser à J.Huberson Agent sanitaire & Apiculteur à 38330 Saint Ismier Tél:04.76.52.43.66

 

       

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